Zoolook Project variations électroniques sur la vie

Ma vie en vrac (chapitre 2, partie 4)

DJ Zoolook
Musique : Constellation de Zoolook
Like :
le soleil...
Dislike : condition de séance d'entraînement difficile...
Méditation : Tu ne peux connaître une chose sans en connaître le contraire. Abu Uthman Maghrebi.

[...]
Voilà que ces jours d'épreuves passés, en tous les sens du terme, (courant février 2005) je me disposais enfin à écouter ces puissances inconscientes, à transiger avec mon ombre, au risque de me polariser sur cette nuit fascinante... Si j'avais quelque peu réussi à me défaire de quelques nombreuses attentes à mon égard en m'ouvrant à mes aspirations légitimes, c'était aussi prendre le parti de s'ouvrir à l'ambiguïté de ma personne, au risque de s'identifier à cet autre en moi et de succomber à ses désirs les plus obscurs, fascination pour ce Daïmon. La redoutable fréquentation de son double apporte indubitablement une certaine forme de jouissance qui peut, tant qu'elle n'est pas recherchée pour elle-même, tant qu'elle n'est pas consentie, amener à commettre tout au plus des incartades sans conséquence. Mais il ne faut pas être dupe et observer toute l'ambivalence et la dangerosité d'une telle situation. Car ces écarts s'ils ne sont que ponctuels sont bien là qui prennent des formes variées aux degrés de gravités plus ou moins lourds.


Samedi 19 février 2005 - Amae exposure

Envie pressante d'un shoot... Un fond de dope pour un entre-deux... La chimère imprègne mes sens que mon corps appelle à exprimer avec excessivité. Mes veines ont soif... Je donne à regarder à la conscience affamée le sensuel "High Art" de Cholodenko, sage cousin du "Requiem for a dream" de Darren Aronofsky. Il a quelque chose de flottant, de langoureux qui calme l'ardeur du coeur, adoucit la pensée... Bois de santal qui m'étourdit sur fond "d'Exposure" de Aes Dana ou encore de "Floating channel" de Solar Fields...
Quelque part, je me mets à penser que j'aimerais bien que ma vie ait quelque chose d'une oeuvre d'art. Cela peut paraître prétentieux, mais non pas la recherche incessante et douteuse d'une beauté ou la fière déclinaison d'un quelconque bonheur, non. Peut-être plus simplement approcher cette vérité voilée qui me colle à la peau, pour en connaître un jour la lumière de l'aurore. C'est peut-être cela que je fais quand je peins à répétition cette figure du Zoolook sous toutes formes possibles... La vie est une initiation, la vie est initiatique... Il y a là la recherche quotidienne d'une authenticité, une sorte d'irréductibilité tragique et lumineuse que l'on porte en soi, entre absurde et infini. Et si comme le prédit G. Simmel "la profondeur se cachait à la surface des choses" ? ... S'accorder d'une esthétique de la vitalité. Vitalité qui peut être parfois sauvage et excessive mais qui est surtout l'affirmation ténue de la vie...




Voilà une terrible tension, tiraillé entre ces réalités qu'il fallait assumer. Finalement porter en soi cet affrontement. Nous sommes tous un jour ou l'autre amenés à être en prise avec des émotions et des sentiments troubles, irrationnels. Nous avons alors non pas à fuir ou à consentir à ces forces, mais bien plutôt à les reconnaître comme étant notre dynamisme interne, accepter leur présence. Nous avons à découvrir leur potentiel d'expression et de création.


Mardi 22 février 2005 - Le riche marchand

On est jeune, on est beau, on est fière comme un aigle en plein vol. On croit que tout est possible. On est porté par des aspirations en tout genre, aussi vertueuses les unes que les autres. On a des rêves plein la tête, on voudrait réaliser tant de choses. Quelque part on croit à un idéal et malgré les plus grandes réserves, presque inconsciemment, on est persuadé qu'on l'atteindra. Mais dans le creux de mes pensées, au plus intime de ma personne telle que je la perçois avec la plus grande sincérité, une barrière se dresse que je ne peux franchir... Arrêté devant ce choix insurmontable. Toujours et toujours... Fuyant la responsabilité, niant cette vérité qui m'attire, n'osant pas au choix, me cachant dans la routine, me confortant dans ma médiocre suffisance... Je crois alors dans un sursaut de miséricorde que je fais là la lente et pénible expérience de la faiblesse humaine. Cette miséricorde envers ma triste personne me pousse à sortir de ma torpeur, à surmonter mon désarroi et surtout à surmonter ma crainte devant ce mur noir. Apprendre à être attentif à ce mur noir, ce trou noir ou n'importe quelle autre forme qu'il puisse prendre dans mes visions nocturnes. Apprendre à m'en accorder, à dialoguer avec en ce lieu... Le laisser se déchiffrer à mon regard, le laisser pleinement s'exprimer. Ecouter sa Parole, voilà ma Pâques 2005. Refaire le long apprentissage de la prière. Non un centrement sur soi avec ses aléas jusqu'à s'écouter... Transformer cette faim en pain de vie. S'ouvrir à ce sombre secret qui m'habite la nuit. C'est ainsi que me parle la biographie de St François d'Assise selon J. Le Goff, son action apostolique ténue qui ne semble pourtant aboutir tel qu'il l'entend et pourtant sa fin de vie au plus fort de son agonie qui touche au plus près dans sa douceur le mystère de Dieu. Dessaisissement total qui ouvre et rend disponible à la vérité plénière.




S'ouvrir à l'ambiguïté de sa personne, c'est en assumer les contradictions en renonçant en quelque sorte à maintenir tout dualisme (prenant chez moi l'image d'une crucifixion sur le noeud de cette tension dualiste). C'est abandonner tout volontarisme en lâchant toute prétention à gérer tout soi-même (chez moi prenant la forme d'un sacrifice, la mort symbolique de son ego). Nous pressentons en creux cette nécessité interne.
S'ouvrir à l'ambiguïté de sa personne, c'est dépasser les clivages en cultivant au coeur du dilemme le sens du paradoxe. C'est aussi quelque part s'ouvrir au monde et en reconnaître sa complexité. C'est cultiver cette complexité, l'écrire, la chanter, la dessiner, la danser, la dire... c'est se décentrer de soi par l'activité artistique... Alors il nous arrive de goûter à la conciliation des contradictions, à une meilleure compréhension de soi, une libération intérieure, une cohérence et une unité de l'être.


Dimanche 20 février - Transfiguration

Admirable liturgie du carême... Elle nous donne à comprendre que l'existence est un "trajet anthropologique", un chemin exigeant, tension entre ombre et lumière. L'un ne va pas sans l'autre. S'il y a l'ombre de la tentation, il y a aussi et surtout la lumière d'une transfiguration. Si le quotidien est bien souvent marqué par la lassitude, le doute, l'incompréhension, prend place parfois la fulgurance d'une révélation quifait rejaillir en nous le merveilleux mystère de la vie.


à suivre...

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Commentaires
N
Aujourd'hui, j'ai l'impression que tu as rajouté quelques paragraphes et extraits. Et ces lignes-là... il n'y a rien à en dire de plus, c'est comme si tu écrivais ce que moi je pense et ressens en moi aussi. C'est le côté pratique (lol) quand on se branche à la source de Soi et de toutes choses... Si un Exprime, c'est le Monde qui s'Expriment à travers lui... Et tour à tour, chacun est "messager" d'une vérité qui peut résonner en plusieurs... Ainsi des voies se rejoignent, entre différences et unité... Et la solitude dans son sens négatif devient illusoire, car le Partage peut enfin Être et éclairer les uns, les autres.Oh la la, c'est un peu mystique ce que je raconte... lol En fait, c'est difficile d'exprimer ce qui est au-delà des mots. Parce que c'est un ressenti qui se passe de mots... Enfin, j'espère qu'on se comprend quand même ! lol  (il me semble que oui, aux vues  de ce que tu écrit)
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D
Yop, je perçois ce que tu veux dire. je comprends tout à fait. Comme quoi l'homme à bien quelque chose d'universel...J'ai simplement remanié l'article dans son organisation en rajoutant au pasage un extrait afin de mieux éclairer mon propos ainsi que la situation.Comme beaucoup d'autre à notre âge, si je n'ai pas basculé dans la drogue ou vers une consommation addictive de certains produits, il n'empêche que j'ai été confronté à plusieurs reprises à sa dure réalité. Et l'on se rend compte malheureusement souvent après coup combien la tentation a été grande de plonger dans l'autre monde, désert chaotique. Sous prétexte d'expérience, d'expérimenter ce qui semble être à première vue une alternative sympathique, récréative, sous le faux prétexte de vouloir connaître cet autre chose, si fascinant, si décalé, si original, on tombe alors d'abord dans ce qui semble être un bohneur d'exception, mais qui devient vite marginalité esseulée et angoissée. Le principe d''expérimentation que je me donnais est un argument faux de consommation tant la toxicité de certains produits te conduit dès la première prise à une dépendance ne serait-ce qu'affective et psychologique.
N
lol mon commentaire s'est fait la malle ! Ca devait être l'émotion ! Je vais aller faire un tour, voir si il va revenir...<br /> Mon Âme a faim de Sacré, de ce qui fait Sens dans ma Vie, mais je n'ai pas anvie d'aller le chercher à travers des produits... C'est dur pour moi de voir les voies que certains choisissent. 'non non, j'suis pas sensible du tout lol) Parce que, ce que j'en ai vu autour de moi, c'est que quand on en revient on est mal, et parfois on s'en sort plus de ce Paradis artificiel où l'on court après cet éphèmère instant d'Unité. J'ai la sensation que les gens cherchent un sens à travers ça. Quand j'étais au Pérou pour observer comment les guérisseurs travaillaient dans un centre de désintoxication, j'ai compris la quête de sens de ces hommes qui, à travers la drogue et l'alcool, faisait de l'initiation sauvage, cherchant qui ils sont, à Grandir et devenir des Hommes, par ce biais. Alors qu'à la base, les plantes naturelles de connaissance sont considérées là-bas comme un travail ancestral sacré d'enseignement.  Le chemin est long et parfois douloureux pour eux pour s'en sortir, qu'ils aient consommé beaucoup ou moins, de manière espacée avec quelques prises mais depuis des années, ou plus régulièrement.<br /> Une chanson trotte : "j'ai descendu dans les tréfonds, et j'y ai trouvé l'âme humaine, j'y ai trouvé un simple membre de la communauté humaine... Cherchant à tâton le chemin, où rien ne sera plus pareil..." Tristesse et Compassion. Foi en l'Être humain, en sa Force de Vie qui peut tout.
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D
Quelque part, cette fascination pour les drogues, cet attrait compulsif provient de la recherche hasardeuse, incohérente, d'une obscure profondeur en soi, cet autre en soi si incompréhensible, l'ombre de son être.Fréquenter ses bas-fond, les soubassements de sa personne, l'autre, apporte une forme de jouissance. C'est vouloir se perdre en lui... jouissance meurtrière qui te dépossède, te fragmente...
N
Lecture de ton extrait de 19 Février... Peur et tristesse : envie d'hurler qu'il faut pas y aller. Mon passé me rattrape en l'espace de quelques lignes et je vois en reflet les larmes aux yeux briller : entre tristesse et compassion... Souvenir de ces gens que j'ai côtoyé pendant plus de 2 ans. non pas moi qui consomme, mais eux. Eux qui te disent que c'est normal de faire ça quand on est jeune. Et moi qui me bat pour me maintenir à la surface de la réalité, dire ce que je pense.  A ce moment-là, je n'étais pas tentée d'essayer, malgré l'ambiance glauque dans laquelle on pouvait évoluer parfois... Jusqu'où ai-je plongé par amour... plongé et replonger à plusieurs reprises. Au final, peut-être que j'aurais voulu les sauver lol Mais pour qui j'me prends lol ? Ce passage de ma vie m'a bien appris une chose. Dans la vie, personne d'autre que toi-même ne peut te sauver. Alors, à cette époque, j'ai choisi d'être sévère mais juste dans mes propos quand ils me balançaient des argument "de m..." (restons polie lol) 
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D
Yop, c'est ça quand on recherche l'extase sans le travail exigeant que cela implique.Pour ma part, "sentir n'est consentir" ...