Zoolook Project variations électroniques sur la vie

Nuits sonores 2005 (bis)

Zoolook
Requiem for a dream Musique : "Fahrenheit Project Part Five" Ultimae rec
Like : reviviscence des salins du midi...
Dislike : deux petites heures de sommeil avant de prendre le train
Méditation : La vie éternelle, c'est de te connaître...

Le long week-end s'achève les yeux dans le brouillard du métro Parisien de retour chez moi. Week-end riche en émotions. Corps épuisé, esprit libéré. Mélange d'effervescence et de douceur, d'incandescence et de paix. Mélange de fête profane et de célébration sacré comme toujours et pourtant imprévu...
Le vendredi, j'ai privilégié une toute autre fête à celle des nuits sonores, l'anniversaire de mariage de mes parents. Mémorial à respecter tant il rappelle combien d'années à s'aimer, à apprendre et réapprendre à s'aimer suivant les contextes, création d'amour en perpétuel chantier. Combien se sont perdus parce qu'ils avaient oublié cet essentiel. Evocation qui dévoile que l'amour s'édifie dans le temps, par delà les contrées découvertes, les intempéries traversées pour se forger dans le feu de la maturité. Oui, j'ai eu cette grâce si précieuse de grandir dans une famille où les parents et les grands-parents s'aiment et le montrent à leurs enfants et leurs petits-enfants. J'ai grandi dans un monde où l'amour avait un sens vivant. Quel trésor ! Et cela donne envie d'aimer que de voir des êtres s'aimer. Cela donne envie de s'accomplir dans l'amour. Travail dur et de longue haleine. Voilà peut-être le témoignage essentiel de mes parents. Il va sans dire qu'ils ont fait un choix exigeant quand je vois que ma mère a arrêté de travailler pour être auprès de nous enfants, quand je vois le parcours professionnel chaotique de mon père privilégiant la vie de famille. Mais quelle joie de voir s'élever la vie tout autour de nous, fruit d'un amour cultivé et partagé en famille.
Et du coup, le samedi j'ai vécu ce moment toujours merveilleux que de voir naître un couple. Des amis de la famille que nous avons accompagnés dans leur mariage, célébration admirable. Les apéros sonores, ce sera donc pour une autre fois et cette fois-là sûrement en bonne compagnie...
Je m'oriente alors pour la soirée finale des nuits sonores, grand moment de musique dans un cadre post-industriel réinvesti pour l'évènement au coeur de la cité Lyonnaise, les anciens entrepôts des salins du midi, proche de la confluence de la Saône et du Rhône. L'accès se fait facilement et je trouve rapidement avec un peu de chance une place aux abords du site. Lieu surveillé par des patrouilles. Encore une fois la sécurité est agréable et très conciliante. La soirée a lieu dans les premiers entrepôts. A première vue l'espace investi me semble plus petit que l'année précédente, mais ce doit être l'effet du plafond qui est plus bas et donc plus écrasant. Je suis étonné du monde qu'il y a pour un début de soirée. Mais il faut dire que les prestations proposées ne sont pas courantes, d'un côté la finale coupe de France de Dj et de l'autre une performance live et acoustique de Laurent de Wilde et ses acolytes. Si la compétition de Dj semble une mise en scène commerciale qui rebute, cela reste tout de même spectaculaire à voir. Mais je préfère vite me caler sur les paysages sonores joliment compulsifs de L. de Wilde. Hallucinant de créativité, de mélodie tonique et envolée. Ils me réconcilient définitivement avec le jazz en l'ouvrant à de nouvelles perspectives électroniques. Cela me fait penser un peu à Andreas Saag et Samuel L Session, à ces morceaux électroniques aux tendances jazzy. Jubilatoire. Fin de la prestation, je retourne dans l'autre salle, mais c'est du hip-hop qui ne m'attire pas. J'en profite pour faire un tour du site aménagé pour l'occasion et je trouve la déco excellente, les structures métalliques bien incorporées au bâtiment. Bugge Wesseltoft attaque son set et c'est fabuleux, tout aussi jouissif que ces prédécesseurs. Ha, si j'avais pu jouer de la musique comme ça... Matthew Herbert lance la soirée alternant électro rigolo et teck hypnotique avec des sons qui grattent, qui grattent à avoir des démangeaisons. Des morceaux remixés étonnants. On s'assoie un instant pour boire un coup, manger un morceau car la nuit réserve encore de belles surprises. Et la première, c'est François K avec un set riche en rebondissement passant d'une teck qui transporte à une house qui amuse ou encore de l'électro bimbo, limite du break, enfin foisonnant d'idées, un vrai voyage électronique. On retourne dans l'autre salle pour le début de Tiefschwarz vs Agoria pour un mixe ping-pong à quatre platines. Départ électro teck qui tape bien et puis Agoria met tout le monde d'accord comme d'hab, mixeur fou. Les deux gars s'amusent, triturent les potentiomètres, jouent du filtre, s'étonnent l'un l'autre, se renvoient la balle électronique pour un bal de folie. J'accroche complètement et décolle. Agoria azimute tout ce qui bouge. Tiefschwarz répond bien et du coup le set finira à celui qui met le morceau le plus hallucinant. Un morceau break percussif qui fait trembler tout Lyon et derrière un remix de Chantal Goya que cela aurait été pareil. Délire psychédélique qui permet par la suite à Vitalic de déverser sa techno furieusement électro. Un set qui décrasse les tympans. Du coup, le corps accuse et on préfère quitter la scène pour souffler un peu, mais tout de suite attiré par les mélodies sensuelles que nous offrent Laurent Garnier. Lui, à le voir mixer, il est dans son monde et il pourrait y avoir une péniche qui traverse l'entrepôt qu'il ne la verrait même pas. Alors on se laisse guider par cet orfèvre des platines, accoudé au mur, l'oeil qui se ferme pour un voyage de fin de nuit. On voudrait encore rester un peu, mais le corps appelle au repos et on quittera le site d'un pas lent, le beat sourd s'effaçant au fur et à mesure que l'on s'éloigne...
Dans la voiture, on se dit que l'on a vécu là quelque chose de surprenant, d'incroyablement riche en créativité. Au placard les vieilles idées reçues sur la techno. D'ailleurs son nom est musiques électroniques tellement la diversité est grande et les recoupements de styles multiples. Le son efficace des années 90 sur lequelle vient se greffer les délires mélodieux des années 70 et 80. Le Dj n'est plus le pousse disque qui enchaîne ses vinyles. Il a un multi effet avec lui, un échantillonneur avec lequel il crée ses boucles en direct, un ordinateur avec une banque de son, un pote pour le chauffer en ping-pong 4 platines ou encore un orchestre symphonique. Le Dj est devenu un musicien, roi de la fête populaire contemporaine. Merci aux nuits sonores de nous l'avoir révélé.

"Toute époque produit ses propres styles musicaux, miroir où notre société se construit plus qu'elle ne se reflète." B. Mabilon Bonfils

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