"Je le conduirai au désert et là je lui parlerai au coeur." osée 2,16
Il nous faudra du temps pour percevoir toute l'ampleur de cet appel et comprendre le véritable sens de ce transit. Nous sommes conviés à une migration intérieure, une exploration en profondeur de notre être, un retour à l'être authentique, à faire corps avec notre être le plus vrai et avec notre vocation première. Mais cette démarche est difficile et éprouvante, tellement dispersés que nous sommes, les occasions prises de s'arrêter, de se poser, de retourner en soi-même et de reprendre souffle se faisant de plus en plus rare. Faire face à sa propre image et démonter sa propre idôlatrie n'est jamais agréable. Cette migration intérieure est d'abord vécu comme une descente aux enfers.
Mais très vite, on réalise que ce face à face avec soi-même, loin d'être défigurant, conduit à la rencontre de cet autre en soi, une plainte jaillissant du fond du coeur : "tu ne t'es pas souvenue des jours de ta jeunesse..." (Ezechiel 16,22) éveille à une sensibilité première, réveille la voix oubliée... Nous réalisons très vite que la prière est une rencontre de l'autre, une ouverture au Tout-Autre.
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"Il y a en chacun de nous, issue du fond de l'âme, une mémoire de l'innocence et de la ferveur que les fautes les plus lourdes ne parviennent pas à effacer complètement. Il arrive que cette mémoire profonde, en se réveillant, s'auréole de l'éclat de nos expériences premières et se confonde avec le souvenir de celles-ci. Mais en réalité, elle nous vient de bien plus loin que nos plus lointains souvenirs ; elle s'illumine à une autre innocence et à une autre splendeur. Oui, un autre se souvient en nous. "Je me souviens pour toi" dit Yahvé. Cette mémoire de Dieu, au coeur de l'homme, est la voix d'une profondeur intacte, d'une réserve de pureté et de ferveur, toujours offerte."
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